Une chicane a lieu lorsque les deux partenaires ne partagent pas la même opinion.
La violence est un moyen choisi pour dominer et affirmer son pouvoir sur l’autre personne.
Chaque conjoint essaie de convaincre l’autre avec des arguments. Le but est donc de persuader notre partenaire qu’on a raison en lui expliquant notre opinion.
Pour dominer et affirmer son pouvoir, l’agresseur fait usage de manière intentionnelle d’une ou plusieurs formes de violence.
Généralement, un conflit est ponctuel. Ce qui est important de noter c’est que les deux partenaires peuvent être à l’origine d’une chicane.
La violence persiste dans le temps. Selon l’agresseur, c’est toujours la faute de la partenaire. Elle revient toujours et se présente par un schème appelé: le cycle et l’escalade de la violence.
La partenaire qui subit la violence accepte celle-ci, à tort et intériorise ce que l’agresseur lui reproche.
Il n’y a donc aucun compromis puisque la femme changera d’elle-même ses attitudes, ses loisirs, son entourage ou encore sa routine pour ne plus le contrarier.
La partenaire qui subit la violence accepte celle-ci et intériorise ce que l’agresseur lui reproche.
Il n’y a donc aucun compromis puisque la femme changera d’elle-même ses attitudes, ses loisirs, son entourage ou encore sa routine pour ne plus le contrarier.
L’impuissance et la peur s’installent chez la partenaire. Devant la violence, la femme développera des stratégies de protection.
Le cycle de la violence conjugale nous permet de comprendre qu’au travers de ses phases, la dynamique de violence ne s’installe pas du jour au lendemain et que dès qu’elle s’immisce dans la relation, plus souvent que jamais, elle devient cyclique.
Voici les grandes lignes de celui-ci :
Pour mieux vous illustrer comment le cycle prend forme, voici des cas inspirés de la réalité.
Manon et Julien se sont rencontrés dans un bar à Montréal. Elle dit que c’était le coup de foudre dès le premier contact. Elle le trouvait tellement beau et très intelligent. Bien qu’elle habitait à l’extérieur de Montréal, ils se sont fréquentés à distance durant 1 an. Plus tard dans l’année, elle est venue le rejoindre dans la grande ville et ils ont emménagé ensemble. Dès le départ, Monsieur refusait d’avoir des relations sexuelles avec elle. Elle ne remettait pas vraiment le comportement en question, car ils venaient de se retrouver et parce qu’elle l’aimait.
J’ai l’impression que chaque soir, Julien provoque une chicane pour faire chambre à part: un verre d’eau laissé sur la table, un repas trop salé ou une émission que j’écoute qu’il juge trop « niaiseuse ». Il bardasse, bougonne et me regarde souvent avec des couteaux dans les yeux… Je me demande toujours ce que je fais de pas correct.
Un soir pendant que j’étais assise sur le canapé, Julien s’est placé derrière moi et m’a dit: « C’est à cause de toi que nous ne faisons pas l’amour. Il y a toujours de quoi de pas correct. Tu penses que c’est attirant quelqu’un d’écraser sur le divan à regarder des innocents à la télé. En plus, tu n’es même pas capable de t’occuper d’une maison. Je vais dormir au sous-sol. » J’étais sous le choc… Je n’arrivais pas à sortir de mot de ma bouche.
Je voyais bien qu’il était fâché, je ne voulais surtout pas aggraver les choses. Je me suis demandé ce que j’ai fait de pas correct… Je n’aime pas quand il se fâche contre moi.
Plus tard, il est remonté à l’étage pour se chercher à boire tandis que j’étais toujours assise devant la télévision, confuse de ce qu’il venait de me dire… Il me dit: « Aujourd’hui, c’était une journée de marde au bureau. J’avais hâte de rentrer auprès de toi pour une petite soirée romantique. Me semble que tu aurais pu m’accueillir dans une maison propre, en petite tenue avec un bon souper ». Ce soir là, nous avons dormi dans le même lit, chacun de notre côté.
Le lendemain, pendant que je prépare le déjeuner, il me rejoint et m’embrasse. Il sourit et me demande si j’ai bien dormi. Il me regarde dans les yeux et me promet que ce soir, c’est le bon.
Et quelques jours après…
À son retour du travail, j’ai allumé des chandelles et j’étais prête à l’accueillir. Il m’a dit que ça sentait mauvais et qu’il ne voulait rien faire ce soir, car encore une fois, « c’était une journée de marde au bureau »…
Fatoumata est d’origine congolaise. Elle vient juste d’arriver au Canada. Son mari, Ousmane, est canadien d’origine congolaise et la parraine au pays. Ils sont mariés depuis plus de 3 ans. Depuis qu’elle le connaît, Ousmane a toujours été de nature à crier fort. Il s’emporte pour des petites choses et est très exigeant envers elle. Il aime que les choses soient faites à sa manière.
Depuis que je suis arrivée au pays, j’ai l’impression que les choses ont changé. Il ne me permet aucune sortie et refuse que j’entame des démarches afin que je puisse commencer à travailler. Il dit que sa femme ne travaillera jamais, car c’est son devoir. On dirait qu’il se fâche plus rapidement qu’avant… Il crie sur moi tous les jours et lance des choses dans la maison. J’ai toujours peur que les voisins entendent ce qu’il se passe…
Je me sens seule depuis que je suis au pays. J’aimerais beaucoup aller à l’école et me créer un cercle d’amies. En allant à l’épicerie, j’ai vu qu’un organisme dans le quartier offrait des activités d’intégration pour les nouveaux arrivants.
J’ai décidé d’y aller sans le dire à Ousmane, car je savais qu’il ne voudrait pas que j’y participe. Lorsque je suis revenue de mon activité, il était fou de rage. Il m’a demandé où j’étais et je n’ai rien dit. Il a commencé à me frapper et m’a même menacé de demander le divorce. Il m’a dit qu’il mettrait fin à mon parrainage et qu’il allait me renvoyer chez mes parents, au pays.
Après l’incident, je vais me regarder dans le miroir et je me sens humiliée. Il m’a fait tellement mal… Qu’est-ce que j’ai fait ? Je mets un peu d’eau sur mes blessures et je me dirige dans la cuisine. Je prépare le souper et Ousmane me dit : « Dans notre culture, l’homme domine sa femme et elle lui doit la soumission. Je t’ai demandé où tu étais et tu ne m’as pas répondu. J’ai su que tu n’étais pas à la maison grâce à ton téléphone. Je t’ai déjà dit que ma femme ne travaillerait jamais ».
Je me sens désespérée par la situation, car je n’ai aucun membre de ma famille ni d’amies au Canada qui pourrait m’aider. Je sens que je n’ai pas d’autres choix que d’accepter ma vie sinon Ousmane mettra fin au parrainage et je devrai retourner chez mes parents. Quelle honte ! Mes parents ne me pardonneraient jamais.
Le lendemain, Ousmane vient me voir et me dit: « Je ne veux pas te perdre. Ce qui est arrivé hier n’arrivera plus. J’étais tellement inquiet. Tu sais que l’homme de la maison doit veiller sur sa famille. Tu es ma reine et c’est pour cela que je ne veux pas que tu travailles ». Je n’ai jamais osé lui dire que ce n’était pas pour le travail, mais bien pour côtoyer des gens. J’ai beaucoup aimé l’activité au centre et je veux y retourner. C’est le seul soutien que j’ai.
Une semaine plus tard…
J’ai décidé d’appeler l’organisme et expliquer à l’intervenante ma situation. Elle m’a invité à m’inscrire à des activités en visioconférence et m’a offert d’avoir des rencontres avec elle. Quelle chance! Je vais donc faire attention qu’il ne se rende pas compte que j’ai des ateliers en ligne.
Jenna et Steve se sont rencontrés à la fin de l’adolescence et font vie commune depuis qu’elle a 20 ans. Trois filles sont nées de leur union, deux jumelles maintenant âgées de 4 ans et une grande fille de 10 ans. Jenna n’a pas de famille à Montréal et a vécu en centre d’accueil durant son adolescence.
La violence est arrivée rapidement dans notre relation. J’ai toujours eu peur de Steve. Je ne sais pas comment l’expliquer… Mais dès qu’il est à la maison, j’ai l’impression de marcher sur des œufs. Il critique la façon dont je m’occupe des filles et tout ce que je fais n’est jamais suffisant. Il critique aussi la manière dont je m’habille et me dit souvent que je ne trouverai jamais un autre homme qui voudra de moi. Je suis anxieuse, car je ne sais jamais ce qui va causer sa prochaine colère. Je me sens triste, car je fais des efforts pour satisfaire les attentes de Steve, mais j’ai l’impression que ce n’est jamais assez. J’essaie de lui en parler, mais il rejette la discussion du revers de la main. Selon lui, il n’a rien à se reprocher et il n’a pas de temps à perdre à discuter. Il argumente que c’est de ma faute s’il s’emporte parfois et que si je ne suis pas contente, je n’ai qu’à partir.
Un soir après un épisode de violence physique, mes voisins ont contacté la police qui à leur tour a signalé la situation des enfants à la protection de la jeunesse (DPJ). Lors de la visite de l’intervenante de la DPJ, heureusement, Steve n’était pas à la maison. À la fin de la rencontre, je me suis engagée à ne plus le laisser entrer dans la maison, sans quoi les enfants seront placés en famille d’accueil afin de les protéger de l’exposition à la violence conjugale.
Cette soirée-là, Steve se présente comme à l’habitude à la maison et je lui refuse l’entrée. Il se montre doux et compréhensif. Il dit qu’il s’est emporté parce qu’il était inquiet pour moi et pour les filles et qu’il veut notre bien. Il dit me dit : « Tu sais que je vous aime ».
Il me dit qu’il s’ennuie de moi et me promet de ne plus recommencer. Il a amené de la nourriture pour toute la famille et de nouveaux jouets pour nos filles. J’ai peur, car si je maintiens mon refus qu’il rentre à la maison, il ne le prendra pas.
Je suis tellement fatiguée… C’est difficile de s’occuper seule des trois enfants et en plus je n’ai rien préparé pour ce soir. J’ai donc accepté de le laisser entrer. Nous avons passé une si belle soirée! Sur le coup, je me sentais soulagée, car je ne suis plus seule et je suis si contente d’avoir un contact physique chaleureux avec lui. J’espère que cette fois-ci il respectera sa parole. Je suis contente que notre famille soit à nouveau réunie, mais je suis anxieuse, car je crains que la DPJ apprenne la nouvelle et place nos filles en famille d’accueil.
Quelques jours plus tard…
Rapidement, la violence verbale reprend. Il se met à crier encore comme avant. Il me traite de nom et menace de me faire du mal. Je me sens coupable d’avoir cru à ses promesses. J’ai peur de lui et de ce qu’il pourrait nous faire.
Steve a appris que je ne devais pas le laisser entrer et il m’a menacé d’appeler la DPJ si je parlais de la violence qu’il me fait subir. Un soir, Steve m’a agressé sexuellement devant les enfants. Je n’arrive pas à le croire. J’essaie d’oublier l’incident, mais je pleure tous les jours. Je me sens seule au monde et je n’ai personne à qui en parler. Je me sens stupide d’y avoir cru encore une fois. J’ai le sentiment d’être une mauvaise mère parce que j’expose nos enfants à cette violence. Elles ne méritent pas ça…
Maison d’hébergement d’Anjou
CP. 65, succursale Anjou
Montréal (Qc), H1K 4G5
Téléphone: 514-353-5908
Fax : 514-353-9794
aide@mhanjou.ca
Maison d’hébergement d’Anjou
CP. 65, succursale Anjou
Montréal (Qc), H1K 4G5
Téléphone: 514-353-5908
Fax : 514-353-9794
intervention@mhanjou.ca