La violence conjugale

La violence conjugale c’est quoi?

Le Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale et la violence faite aux femmes (CRI-VIFF) définit la violence conjugale comme suit:

« La violence conjugale est un exercice abusif de pouvoir par lequel un individu en position de force cherche à contrôler une autre personne en utilisant des moyens de différents ordres afin de la maintenir dans un état d’infériorité ou de l’obliger à adopter des comportements conformes à ses désirs à lui. (1995)

En quelques mots...

La violence conjugale est un rapport de domination et de déséquilibre dans la répartition du pouvoir

Peut survenir dans tous types de relations intimes (en couple, marié, conjoint de fait, amis avec bénéfices, etc.) ; peu importe sa durée, et à tous les âges de la vie 

Couvre un large éventail de comportements et peut se manifester sous différentes formes (pour en savoir plus)

La violence conjugale peut persister dans le temps, revenir de façon constante et se présenter par un schème (appelé: le cycle de la violence).

Dans la violence conjugale, l’impuissance et la peur peut s’installer chez la partenaire. La femme développera ainsi, au fil de la relation, des stratégies de protection (pour plus d’informations).

Attention ! : La violence conjugale n’est ni une perte de contrôle ni une démonstration d’amour

Formes de violence

La violence physique et verbale est souvent perçue comme étant les seules formes de violence vécues par la victime. Toutefois, la violence peut se présenter sous les formes suivantes.

Violence spirituelle

La violence spirituelle se définit par l’utilisation de la religion ou les croyances pour contrôler, dominer, et manipuler l’autre personne. Il s’agit de la forme de violence la plus méconnue.

Voici quelques exemples :

  • Vous empêche ou contrôle vos pratiques religieuses;
  • Vous interdit de fréquenter un lieu de culte;
  • Dénigre vos croyances;
  • Utilise la religion comme moyen de justification;
  • Critique ou ridiculise vos croyances religieuses, vos traditions ou votre culture;
  • Vous force à adhérer à des rituels ou des pratiques religieuses, etc.

Violence économique

La violence économique est une forme de violence pouvant contraindre la partenaire à son autonomie financière, et ce, même si elle travaille. Ce type de violence ne tient pas compte du revenu, elle peut donc se présenter autant dans un couple ayant un revenu aisé que modique, ou encore, ayant un salaire égal ou inégal.

Voici quelques exemples :

  • Votre partenaire contrôle ou vous prive d’argent;
  • Mens sur les finances de la famille (budget);
  • Retiens les allocations familiales;
  • S’empare de votre identité (actes frauduleux);
  • Contrôle votre vie professionnelle en vous imposant de cesser de travailler, diminuez vos heures, vous empêchez d’étudier, si bien que cela pourrait causer des problèmes professionnels (par exemple, l’absentéisme), etc.

Violence sociale

La violence sociale est utilisée par l’agresseur afin d’accroitre son pouvoir sur sa partenaire en l’isolant de son entourage.

Généralement, elle se développera graduellement dans la relation.
 
Voici quelques exemples :

  • Vous isole de votre entourage;
  • Dénigre et insulte vos amis et les membres de votre famille;
  • Vous empêche d’avoir des contacts téléphoniques (messages textes, courriels) ou physiques avec certaines personnes de l’extérieur;
  • Contrôle vos activités sur les réseaux sociaux, etc.

Violence verbale

La violence verbale est souvent utilisée pour intimider sa partenaire, l’humilier et la contrôler

Cette forme de violence peut être subtile ou directe et accompagne la plupart du temps les autres formes de violence.
 
Voici des exemples :

  • Vous critique (en privé ou en public);
  • Se moque de vous et use de sarcasme;
  • Utilise des insultes et des propos dégradants/humiliants à votre égard;
  • Use de reproches;
  • Crie/hurle ou utilise le traitement de silence
  • Vous donne des ordres, etc.

Violence psychologique

La violence psychologique est une forme de violence qui est sournoise et dans ce sens, elle peut être difficilement perceptible par l’entourage.
Elle s’installe par le climat d’insécurité physique ainsi que par l’insécurité émotionnelle que peut vivre la personne.
Cette forme de violence atteint durement l’intégrité psychologique de la personne qui le subit.
 
Voici des exemples :

  • Vous dévalorise;
  • Use d’intimidation, de chantage et de menace;
  • A une attitude méprisante envers vous et tient des propos condescendants;
  • Vous infantilise;
  • Vous fait ressentir un climat de tension;
  • Votre partenaire à des crises de colère, etc.

Violence sexuelle

La violence sexuelle est une forme de violence qui souvent, est cachée en raison des tabous.

C’est également une des formes de violence la moins dénoncée.

La plupart du temps, elle s’accompagne également d’autres formes de violence.

Voici des exemples :

  • Des attouchements sexuels contre votre gré;
  • Vous agresse ou vous force à avoir des relations sexuelles,
  • Vous impose des gestes dégradants ou des pratiques sexuelles non désirées;
  • Vous dénigre sexuellement (vous traite de pute ou de salope) ou fait des allusions à vos compétences sexuelles;
  • Peut vous forcer à avoir des pratiques sexuelles en utilisant des contraintes:
    • Psychologiques (ex.: utilisation de la religion…)
    • Physique (ex.: contraintes, vous empêchez de quitter…)
  • Vous force à avoir des enfants ou contrôles vos méthodes contraceptives, par obligation ou manipulation, votre partenaire vous incite à interrompre votre grossesse ou vous empêches de recevoir des soins de santé;
  • Partage du contenu intime et privé ou vous menace de le faire, etc.

Violence physique

La violence physique est non seulement une des formes de violence la plus connue, mais aussi la plus médiatisée. Elle peut être perpétrée sur la femme elle-même, mais aussi, sur un groupe de personne, un objet, ou encore, un animal de compagnie…

La violence physique est souvent déguisée en blessure et en accident.

Voici des exemples :

  • Coups;
  • Pousser;
  • Gifler;
  • Brûlures;
  • Morsures;
  • Contraintes physiques;
  • Cracher;
  • Serrer le bras;
  • Tirer les cheveux, etc.

 

La violence physique peut aller jusqu’à l’homicide de la partenaire.

Il est important de noter que toutes ces formes de violence peuvent être vécues simultanément.

La chicane de couple versus la violence conjugale

Chicane

Violence

Généralement, un conflit est ponctuel. Il est important de noter que les deux partenaires peuvent être à l’origine d’une chicane.

Pour dominer et affirmer son pouvoir, l’agresseur fait usage de manière intentionnelle d’une ou plusieurs formes de violence.

Chaque conjoint essaie de convaincre l’autre avec des arguments. Le but est donc de persuader notre partenaire qu’on a raison en lui expliquant notre opinion.

Pour dominer et affirmer son pouvoir, l’agresseur fait usage de manière intentionnelle d’une ou plusieurs formes de violence.

Généralement, un conflit est ponctuel. Il est important de noter que les deux partenaires peuvent être à l’origine d’une chicane.

La violence persiste dans le temps. Selon l’agresseur, c’est toujours la faute de la partenaire. Elle revient toujours et se présente par un schème appelé: le cycle et l’escalade de la violence.

Une chicane se termine généralement par un compromis.

La partenaire qui subit la violence accepte celle-ci et intériorise ce que l’agresseur lui reproche.

Il n’y a donc aucun compromis puisque la femme changera d’elle-même ses attitudes, ses loisirs, son entourage ou encore sa routine pour ne plus le contrarier.

Après le conflit, aucun des deux partenaires ne vit des impacts liés à ladite situation.

L’impuissance et la peur s’installent chez la partenaire. Devant la violence, la femme développera des stratégies de protection.

Le cycle de la violence conjugale

Le cycle de la violence conjugale nous permet de comprendre qu’au travers de ses phases, la dynamique de violence ne s’installe pas du jour au lendemain et que dès qu’elle s’immisce dans la relation, plus souvent que jamais, elle devient cyclique.

Voici les grandes lignes de celui-ci :

  • Le cycle commence à la suite d’un premier incident violent (formes de violences).
  • Nous retrouvons des particularités spécifiques pour chacun des partenaires (agresseur/victime).
  • L’objectif de l’agresseur est de prendre le contrôle sur sa partenaire et ainsi maintenir la femme dans la relation.
  • Il est important de réaliser que chaque relation diffère d’une de l’autre. Certains couples ne passeront pas par toutes les phases et la durée de celles-ci peut varier.
Cycle de la violence

Pour mieux vous illustrer comment le cycle prend forme, voici des cas inspirés de la réalité. 

L’escalade de la violence

  • Au début de la relation, les épisodes de violences paraissent plus subtils. Pour certaines, elles peuvent même être considérées comme étant « banales ». Toutefois, l’escalade de la violence peut mener à des conséquences très graves ; sur la victime elle-même, ses enfants ou ses proches. 
  • L’escalade de la violence nous rappelle que la violence tend à s’installer graduellement et à augmenter avec le temps. 
    Il est important de noter que la phase de la lune de miel revient toujours, ou presque, et peut devenir de plus en plus courte. Voire même inexistante. 
  • Comme le cycle, l’escalade de la violence nous aide à comprendre la dynamique dans laquelle on peut se retrouver (tantôt, ressentir une dose d’amour, tantôt vivre de la violence.) Cette situation peut ainsi amener la femme à rester ou à retourner avec son conjoint violent en raison du calme qui reviendra (lune de miel).
  • Les épisodes de violence peuvent s’intensifier tôt ou tard, comme le démontre l’illustration si dessous. 
Iceberg - Gradation de la violence

Les impacts sur la victime

  • La santé
    • Santé psychologique (dépression, honte, anxiété, culpabilité, stress post-traumatique…)
    • Santé physique (blessures, insomnie, maux de tête…)
  • Conséquences matérielles et économiques 
  • Sentiment de sécurité atteint (peur des représailles)
  • Confiance et l’estime de soi fragilisé
  • Vivre dans la peur
  • Difficultés relationnelles (isolement, communication, interactions…)
  • Vie sexuelle affectée
  • Espoir que le partenaire changera

Les besoins de la victime

  • Besoin d’être crues et entendues;
  • Besoin d’être informée;
  • Besoin d’accompagnement;
  • Besoin de soutien psychosocial
  • Besoin au niveau de leurs démarches 
  • Besoin de protection
  • Besoin d’être traitée avec respect et dignité;
  • Besoin d’obtenir réparation

Violence post-séparation

La violence post-séparation, telle que la violence conjugale vécue à l’intérieur d’une relation, est une situation réelle et une problématique qui touche plusieurs femmes.

Violence post séparation : Violence conjugale présente dans une relation étant marqué par une rupture, une séparation ou un divorce.

Il est primordial de vous rappeler que la rupture n’est pas un gage de mise à terme de la violence conjugale, déjà vécu auparavant, dans la relation elle-même.

Voici ce que vous devez savoir de la violence conjugale post-séparation

La violence post-séparation peut avoir différents objectifs :

  • Convaincre la femme de reprendre la relation
  • Poursuivre le contrôle sur l’ex-partenaireà
  • Empêcher la femme de faire valoir ses droits
  • Se venger de ce qui est perçu comme un ultime affront… ou simplement avoir le dernier mot

La violence post-séparation peut prendre différentes formes :

Manipulation et menace pour regagner la victime

Exemples : 

Il se montre sous son meilleur jour, exprime de l’amour-peine-remords, parle de démarche thérapeutique, menace de demander la garde des enfants, abandon des enfants…

Harcèlement et surveillance

Exemples : 

Surveiller la femme et les enfants (allers-retours), contacter ou se présenter à la victime (constamment, de manière répétée), questionner les enfants concernant la nouvelle vie de son ex-conjointe…

Violence via les procédures judiciaires

Exemples : 

Multiplier ou prolonger les procédures liées à la séparation, faire de fausses accusations (violence, aliénation parentale…), non-respect des ordonnances de non-contact, manipuler/intimider les intervenants au dossier…

Violence économique et appauvrissement volontaire

Exemples : 

Retenir la pension alimentaire sans aucune raison, contester ou refuser des frais communs, cacher des revenus ou cesser de travailler afin d’éviter de payer une pension alimentaire…

Contrôle via le rôle parental

Exemples :

Exiger de rendre des comptes et des photos des enfants (de manière irraisonnable), remettre en question les habiletés parentales de la victime, manipuler ou aliéner l’enfant contre la femme, ne pas ramener l’enfant au moment prévu…

Comment l’identifier ? 

Prenez le temps de vous questionner concernant les points suivants : 

  • La sévérité de la violence 
  • Les formes de violence présente : La nature des actes?
  • Faites une comparaison sur la violence qui était vécue avant: Était-elle présente avant la séparation? Sinon, est-elle plus présente aujourd’hui qu’elle ne l’était dans le passé? 
  • Quels sont les moments où la violence est commise? Lors des échanges de garde, lorsque les enfants sont avec moi, par exemple…
  • La violence est-elle exercée directement? Ou indirectement? Sur moi ou via mes enfants (à la demande du père)

Stratégies de protection

Les stratégies de protection vous permettront de répondre de manière adéquate aux impacts que la violence conjugale post-séparation a sur vous et vos enfants. 

  • Repenser la formule de l’échange (Lieu : Est-ce possible de faire l’échange de garde dans une place publique? Devant un poste de police? Un lieu d’échange supervisé? … Temps : Tenter de réduire les temps d’échange en veillant à ce que tout soit prêt à l’arrivée du père.) 
  • Éviter les contacts (Avoir un cahier d’échange de type journal ou un courriel spécifique pour les échanges concernant les enfants)
  • Et votre sécurité? Et celle de vos enfants? 
  • Êtes-vous prête à porter plainte? 
    • Noter les faits pouvant servir à bâtir une plainte (menaces, textos, etc.)
    • Faire un signalement au Département de Protection de la Jeunesse
    • Faire des demandes à votre avocat pour inscrire dans le jugement certaines dispositions

Démystifier les mythes

Mythe

« Seules les femmes vivent de la violence conjugale »
Toute personne peut vivre de la conjugale.

La violence conjugale n’a pas de sexe, de genre, d’âge, d’ethnie, de statut social, de religion et de classe économique,

Mythe

« Si ce n’est pas physique, ce n’est pas vraiment de la violence conjugale »
Il existe plusieurs autres formes de violence et celles-ci sont toutes légitimes. Une personne peut vivre un seul type de violence comme elle peut en vivre plusieurs simultanément. Il existe plusieurs autres formes de violence et celles-ci sont toutes légitimes. Une personne peut vivre un seul type de violence comme elle peut en vivre plusieurs simultanément. Aussi, bien que la loi ne catégorise pas la violence conjugale comme étant un crime en soi, plusieurs actes violents commis dans un contexte conjugal sont des crimes et ceux-ci sont inscrits dans le Code criminel.

Aussi, bien que la loi ne catégorise pas la violence conjugale comme étant un crime en soi, plusieurs actes violents commis dans un contexte conjugal sont des crimes et ceux-ci sont inscrits dans le Code criminel.

Mythe

« La violence conjugale, il n’y en a pas tant que ça »
Il est impossible d’avoir des données qui reflètent la réalité, car beaucoup d’infractions commises ne sont pas déclarées. Toutefois, selon le rapport d’activité de la Fédération des maisons d’hébergements pour femmes (FMHF), dont nous sommes membres, voici quelques données ressorties:

Au cours de l’année 2021-2022, les maisons d’hébergement membres de la FMHF ont accueilli et accompagné :

• 2 444 femmes et 1 496 enfants dans les maisons de 1re étape 332 femmes et 115 enfants dans les maisons de 2e étape

• 4 778 femmes et 889 enfants dans le cadre de leurs services externes

• Faute de places disponibles, les maisons ont dû refuser des demandes d’hébergement à 5 792 reprises pour des femmes et à 1 497 reprises pour des enfants

Selon SOS violence conjugale, il y aurait 20 morts liées à la violence conjugale à ce jour pour l’année 2022 (20 octobre 2022).

Mythe

« Elle devrait juste quitter si c’était si grave que ça »
Bien que cela puisse paraître simple de quitter un partenaire violent, chaque femme a son parcours de vie. Toutes les situations sont différentes, mais la violence reste inacceptable.

Plusieurs enjeux peuvent inciter la femme à rester dans une relation malsaine, par exemple, la peur des représailles, le souci des enfants, sa situation financière, la religion, la phase de la lune de miel, la culture, la pression de son entourage… pour n’en nommer que quelques-uns.

Ceci répond au mythe de la bonne victime.

Mythe

« Une fois qu’elle quittera, la violence s’arrêtera »
À la suite d’une séparation, la violence peut se modifier, s’intensifier ou apparaître. Les formes de violence (psychologique, physique, spirituelle, verbale, sexuelle, économique, sociale) sont présentes et peuvent même se rendre à l’homicide.

C’est ce qu’on appelle la violence post-séparation.